À propos du LRPC
Les efforts déployés pour que les productions culturelles rejoignent des publics s’avèrent à présent considérables. D’ailleurs, les institutions culturelles comme les musées sont désormais évalués en fonction de leur capacité à attirer des publics de plus en plus nombreux. La diversité de l’offre en culture, en loisir et en divertissement place différents établissements en concurrence afin d’attirer les non-publics (Jacobi et Luckerhoff, 2010). Les pratiques culturelles, de la lecture à la sortie au théâtre ou au musée, subissent aussi des mutations profondes sur le plan social, esthétique et technologique. Des facteurs propres à certains arts ou régions, tels les changements apportés aux politiques gouvernementales, les nouvelles technologies, le vieillissement de la population et la désindustrialisation participent à l’accélération de ces mutations. La définition de ce qu’est la culture varie également selon qu’on l’emprunte à l’anthropologie, à la sociologie, aux sciences de l’éducation ou à l’économie et même au sein de ces disciplines, les définitions abondent. Est-il bien question comme le proposait Féral (1990) de « [l]a culture contre l’art » ou faut-il adhérer à une vision du « champ culturel » (Bourdieu, 1979) favorisant sa démocratisation, quitte, ce faisant, à accélérer sa commercialisation ? Aussi, dans un contexte où les productions culturelles sont de plus en plus considérés comme des outils de développement économique (économie créative et culturelle), la presse de trouver des publics, locaux et touristiques, devient-elle encore plus forte. La création d’un laboratoire sur les publics de la culture s’impose en raison de la complexité de cette problématique et pour mieux documenter les éléments qui entrent en jeu dans la constitution et l’évolution des publics. Un tel laboratoire réfléchira aux esthétiques qui leur sont destinées et aux technologies qui façonnent leur expérience, aux stratégies mises en œuvre pour communiquer avec eux, à l’éducation nécessaire pour que le non-initié ait accès à des formes de culture et d’art plus sophistiquées, et aux lieux et aux pratiques qui cherchent à attirer et à fidéliser leurs usagers. La question des publics de la culture appelle à prendre en compte leur importance dans la consolidation d’un espace public (Habermas, 1962) dynamique, susceptible d’accueillir débats et diversité de points de vue, mais aussi à mesurer à l’impact de pratiques culturelles ciblées au sein de communautés de tailles variées. En effet, l’appropriation de la culture ne joue pas forcément le même rôle dans les métropoles et les petites villes, pour le théâtre ou le musée et pour les jeux vidéo.
Programme de recherche et méthodologie
Le Laboratoire réunit des chercheurs d’horizons variés (lettres, communication sociale, loisir, culture et tourisme, éducation, philosophie et arts, etc.) pour approcher cette question multidimensionnelle des publics de la culture. Comme elle gagne à être appréhendée par des méthodologies variées, l’un des objectifs de ce laboratoire sera de jeter un regard critique sur les cadres épistémologiques déployés pour étudier les publics de la culture. Son originalité résidera, entre autres, dans son désir de faire entrer en résonance, grâce à l’étude des dimensions esthétique, communicationnelle et éducationnelle, des recherches séparées sur le plan du savoir mais unis dans leur intérêt à l’égard de l’évolution des publics de la culture.
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