Ce projet vise à étudier le cosmopolitisme chez les jeunes, en retenant les dimensions proprement sociologiques repérables dans le champ culturel. Plus spécifiquement, nous voulons savoir si les consommations culturelles diversifiées, sur le plan de l’origine culturelle des produits et des contenus, favorisent chez les jeunes l’émergence de nouvelles formes de pratiques culturelles, ou si nous n’assistons pas plutôt à une consommation banalisée, ordinaire, loin de l’ouverture internationale qu’engendreraient éventuellement les médias sociaux. Nous voulons aussi savoir si les consommations culturelles diversifiées témoignent d’une véritable attention portée à l’altérité culturelle ou, au contraire, si elles favorisent une sorte de repli sur soi ou sur de petits groupes.
Pour se faire, nos objectifs sont :
à l’aide d’entretiens semi-dirigés, identifier et décrire les caractéristiques et dimensions du cosmopolitisme esthético-culturel chez les jeunes Québécois;
par un sondage auprès d’un échantillon représentatif, mesurer ces caractéristiques pour pouvoir généraliser les résultats à l’ensemble de la population à l’étude.
Contexte :
De façon générale, une orientation cosmopolite suppose que l’on est en présence d’un trait plus ou moins fort d’ouverture et de sensibilité à des différences culturelles. Cette orientation suppose également, à des degrés divers, une certaine capacité à dépasser sa propre culture, incluant éventuellement un sentiment d’appartenance à une même communauté humaine. Ce phénomène est tout particulièrement manifeste chez les jeunes pour plusieurs raisons, largement imbriquées : cette génération est caractérisée par une forte consommation de produits culturels hybrides, une forte mobilité, etc. (effets de génération) ; les jeunes sont familiers avec le numérique (effets d’âge) et leur contexte est caractérisé par la montée en puissance des réseaux sociaux, l’internationalisation des produits et contenus constitutifs des cultures jeunes (effets de contexte).
Cadre d’analyse :
Notre cadre d’analyse fait référence principalement au cosmopolitisme dans ses dimensions esthétiques (diversité d’expériences culturelles et artistiques) et culturelles (ouverture plus ou moins contrastée aux différences culturelles). Il met l’accent sur les degrés d’engagement des jeunes, pouvant aller d’une consommation superficielle et passagère à des formes de présence internationale. Nous voulons également être attentifs aux tensions et contradictions que l’on peut y retrouver : des rapports superficiels ou intenses à l’art et à la culture, des contradictions entre individualisme et ouverture au monde, etc. Nous considérons également « les multiples jeunesses » dans leurs trajectoires et leurs temporalités au sein de l’univers du cosmopolitisme.
Méthodologie :
Nous proposons de retenir une conception extensive de la jeunesse (15 à 29 ans). Nous prévoyons une recherche se déroulant en deux temps. En relation avec notre premier objectif, la première collecte de données sera qualitative et exploratoire. Nous mènerons environ quarante-cinq entrevues semi-dirigées auprès de jeunes Québécois âgés entre 15 et 29 ans, en étant tout particulièrement sensible à la diversité de leurs trajectoires au sein du cosmopolitisme. En relation avec notre deuxième objectif, la seconde collecte de données sera quantitative. Des entretiens ressortiront des indicateurs et des caractéristiques du cosmopolitisme esthético-culturel que nous souhaitons mesurer et pouvoir généraliser. Nous administrerons un questionnaire d’enquête auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 jeunes Québécois âgés de 15 à 29 ans.